(La petite filature en cooperative)
Pourquoi nous avons choisi d’héberger nos actions dans une coopérative d’activités et d’emploi basée à Angers, nommée CdP49 (www.cdp49.fr) ?
La première question qui est venue à la création de La petite filature, était de savoir quelle place économique nous souhaitions avoir dans cette société
Nous ne voulions pas être une micro-entreprise (même si fiscalement, c’est intéressant les trois premières années) parce que nous aurions été une entreprise. Idée paradoxale aux valeurs que nous souhaitons transmettre et vivre au sein de La petite filature. Nous ne voulions pas non plus monter une association loi 1901, sachant qu’il y aurait eu un bureau associatif qui aurait décidé pour des salariés. Or, nous souhaitons un fonctionnement horizontal, sans qu’il y ait des personnes qui prennent des décisions pour d’autres, malgré toutes les bonnes intentions possibles
Puis, à force de tâtonnement, nous avons découvert la coopérative d’activité et d’emploi (CAE). Nous reprenons les termes de la CAE Coopaname particulièrement bien choisis : « Multi-activité et ouverte, Coopaname propose à tout travailleur et toute travailleuse, qu’elle soit graphiste ou rempailleur de chaises, consultante ou e-commerçant, développeur informatique ou magicienne, d’intégrer librement la coopérative, d’y apporter son savoir-faire et d’y développer, de manière autonome, une activité économique qui lui permettra de s’y salarier et d’y bénéficier d’une protection sociale. En d’autres termes, un cadre collectif où chercher ensemble les moyens de vivre décemment de ce qu’on aime et sait faire au rythme qui nous convient. Refusant l’idée que la coopérative serait un simple sas avant l’entreprise individuelle, Coopaname a vite adopté un positionnement critique de ce mode d’entrepreneuriat pour parvenir à un projet clair qui s’ancre profondément dans l’histoire de la coopération, assume sa dimension politique et sa démarche expérimentale. […] Ensemble nous construisons une entreprise commune, démocratique et exigeante, pour se donner davantage de protections collectives (droit du travail, formation professionnelle, mutualisation des risques, solidarités sociales) et de potentialités de coopération. Ni dépendants, ni indépendants, les coopérateurs et coopératrices inventent au quotidien un cadre original où le rapport au travail est fondé sur un lien social et non sur un lien de subordination ou un rapport commercial. Ce cadre trace les contours d’une nouvelle forme d’organisation : la « mutualité de travail. C’est la raison pour laquelle nous revendiquons pleinement le terme ouvrier caché derrière le O de notre Scop. Parce que, étymologiquement, l’ouvrier est celui qui "fait avec habileté un travail”, possède un savoir-faire et le met pleinement en œuvre »
Ces mots à propos du travail résonnent encore. Pour la première fois, nous avons compris que ce n’était pas le fait de travailler qui nous dérangeait, mais les conditions actuelles de travail. Nous avons compris la différence entre « emploi » et « métier ». Nous avons compris aussi que le fait de parler « d’emploi », cela sous-entendait le fait qu’on soit interchangeable. Si on parle de « métier », on est expert et cela apporte de la dignité
Alors nous avons décidé de changer et de construire notre cadre de travail : choisir nos emploi du temps, ne pas avoir de hiérarchie, pouvoir allier vie de famille et vie professionnelle, avoir du temps pour soi comme on le souhaite, choisir nos priorités de travail, ne pas travailler pour « quelqu’un » mais pour « un idéal », mieux comprendre les enjeux économiques de son activité, choisir avec qui nous travaillons et avec quelle pédagogie, aller à son propre rythme ce qui nous rend disponible, posséder son outil de travail, faire avec ce que nous sommes, avec notre histoire et notre expérience
Depuis que nous sommes coopératrices à la CAE, nous nous sentons artisanes de la formation. Quand nous montons une formation, nous faisons tout, de la logistique au bilan en passant par la communication, l’administratif et les contenus pédagogiques. Nous avons le sentiment de ciseler notre travail, de faire les taches avec grand soin parce que tout repose sur nous-même. C’est particulièrement responsabilisant. C’est particulièrement existant
Quand nous disons « tout », ce n’est pas exact. Justement, nous sommes dans une coopérative d’activités et d’emploi pour que la comptabilité soit faite par un comptable (déclaration mutuelle entreprise, déclaration urssaf, assedic, retraite…). Nous reversons 10 % de notre chiffre d’affaires à la coopérative pour avoir la garantie que cette contrainte juridique soit opérationnelle
Quand nous disons qu’on décide « seules », ce n’est pas exact. Justement, nous sommes dans une coopérative d’activités et d’emploi pour ne pas prendre des décisions seules. Il y a toujours un ou plusieurs coopérateurs qui ont la gentillesse d’échanger et de partager les questionnements. L’équipe de salariés de la coopérative est là en soutien et accompagnement tout au long de l’année
Être en coopérative d’activités et d’emploi aujourd’hui nous permet d’être indépendantes mais pas seules